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mercredi 30 décembre 2009

Moto thaie


Moto à trois sur une île de Thailande

On a fini par succomber à l'attrait des balades en moto sur les petites routes qui serpentent le long de la mer turquoise, sur l'île de Ko Phan-gan, dans le sud de la Thaïlande. Lors de notre première escale à la mer, en octobre, à Ko Chang, à l'est du pays, on avait songé à se louer de petites motos pour se promener avec les filles. Mais ma rencontre avec un couple d'Américains à l'hôpital m'a donné la frousse: ils étaient là pour se faire recoudre en différents endroits après que leur moto eut manqué de freins dans une côte. Des amis québécois m'ont aussi raconté que les freins n'étaient pas très forts sur la bécane qu'ils avaient louée. Connaissant les routes sinueuses et les pentes abruptes de l'île, on a préféré laisser faire.
Mais de retour à la plage, avec la famille de ma belle-soeur, venue nous visiter pour Noël, on s'est laissés convaincre par mon beau-frère de partir en expédition. Chacun sur notre scooter, avec une fille devant, on s'est lancé bravement, malgré les courbes, les pentes et la conduite à gauche (suffit d'y penser à chaque intersection). On a eu un plaisir fou à visiter d'autres plages, des temples et les petits hameaux de l'île. Il fallait avoir les nerfs bien accrochés pour négocier des courbes serrées dans des pentes abruptes, au bord des falaises plongeant vers l'océan. Surtout qu'on n'avait pas de casque...
En fait, un casque venait avec la moto, mais il n'y en avait pas pour les enfants. Alors on s'est dit, bêtement, si les enfants n'en portent pas, pourquoi on en porterait, nous? On se demandait d'ailleurs, en voyant des familles entières circuler sur des mobylettes, pourquoi le conducteur (le père) portait un casque et pas la mère ni les enfants. Nous avons eu notre réponse le lendemain: partie faire des courses en ville pour Noël, avec ma belle-soeur derrière, j'ai été arrêtée par la police et j'ai écopé d'une amende de 200 bahts (7$) pour avoir conduit sans casque. Ma passagère n'a rien eu à payer, elle. Le casque est obligatoire pour les conducteurs seulement! Pouvez-vous me dire où est la logique là-dedans? Que les passagers se fracturent le crâne en cas d'accident, on s'en fou, pourvu que le conducteur s'en sorte... Lors de nos balades suivantes, le conducteur mettait son casque, mais on n'en avait toujours pas pour les enfants, parents indignes que nous sommes... C'est fou comme nous changeons quand nous sommes à l'étranger. A la maison, je ne les laisse même pas partir à vélo sans casque... Et je ne les laisserais pas non plus se promener dans une boîte de pick-up, comme on le fait tout le temps ici.



***
Vous avez peut-être entendu des jeunes, de retour de Thaïlande, raconter qu'ils sont allés faire la fête au Full Moon Party. Sur une plage bordée de bars, ça boit, ça danse, ça jongle, ça fume du pot jusqu'au lendemain matin. Nous étions sur cette île, mais comme nous avons passé l'âge de telles folies, nous étions sur la plage la plus calme du coin. Petite cabane de bois en face de la plage, pas d'eau chaude dans la douche, l'électricité le soir seulement, pas d'air climatisé, une jungle épaisse en arrière, une ambiance relaxe, une jolie plage peu fréquentée... On a fêté Noël par un festin de poisson sur la plage en buvant des rhum'n Coke avec les autres locataires de l'endroit, plusieurs Français et quelques Allemands. Le Père Noël était passé un peu plus tôt dans la journée pour laisser quelques babioles pour les enfants sous le palmier décoré de guirlandes de coquillages.


Le Père Noël est passé

***


Dans le bateau, pour changer d'île

Nous avons maintenant changé d'île: nous allons fêter le Jour de l'an sur Ko Lanta, dans la mer d'Andaman. Un peu plus chic: on loge dans l'un des bungalows de béton qui entourent une jolie piscine, à deux pas de la mer. C'est ici que le tsunami a frappé il y a cinq ans. Hier soir, anniversaire de ce triste événement, plusieurs personnes se sont réunies sur la plage pour se recueillir et envoyer dans le ciel des lanternes gonflées d'air chaud. C'était magnifique et émouvant.
Hier, nous nous sommes payé une balade en mer. Au menu: snorkelling avec les poissons, débarquement sur une plage paradisiaque de sable blanc et traversée à la nage d'un tunnel obscur qui nous a mené vers une plage cachée (avez-vous vu le film The Beach? c'était pareil). Nous sommes en vacances pour vrai là, en vacances de notre voyage...


Marco et les poissons


Au sortir du tunnel qui nous a permis de découvrir la plage cachée


Le tsunami a laissé des traces...


Aux lecteurs de ce blogue! Merci pour vos commentaires!


vendredi 11 décembre 2009

Apprenties nomades


Nous avons eu notre première crise de « Je veux retourner à Montréal! » cette semaine. La cause: Marianne la coquette est tannée de toujours mettre les mêmes vêtements. Nous passerons la majeure partie de notre voyage dans des pays où il fait chaud; nous avons donc apporté surtout des vêtements d'été. Mais ici, au Népal, y fa frette. Nous sommes toujours en polars et pantalons avec des bas dans les pieds. Mais les filles aiment les robes... Je leur ai fait faire, comme compromis, un ensemble comme en portent les Népalaise: une courta-sural, une tunique avec un pantalon ample ( et je m'en suis fait faire un par la même occasion, c'est très confortable, et moi aussi j'était lasse de porter toujours la même chose ). Émilie, surtout, adore s'habiller à la népalaise. Elles peuvent porter leurs sous-vêtements longs en-dessous. Parce que certains soirs, on gèle!

La crise a été de courte durée; on a rappelé aux filles que dans quelques jours, on retourne dans la chaleur de la Thaïlande. Yé!


C'est bien beau de s'habiller à la népalaise, mais ça prend aussi les bracelets! Un cadeau de Tulsa.

Autrement, les filles s'adaptent admirablement bien à la vie de nomade. Elles ont parfois des problèmes avec la nourriture, surtout les mets épicés, mais elles essaient tout de même de nouvelles saveurs. Elles ont même commencé à boire du chaï, ce thé au lait épicé que nous offrent les Népalais à la moindre occasion. Au début, elles étaient un peu dégoûtées par les toilettes turques, à cause de l'odeur qui s'en dégage. Mais elles ont pris l'habitude. Maintenant, elles s'étonnent d'autre chose: « Eille, ça sent bon dans cette toilette! Et c'est propre! », s'est exclamé Émilie dans un resto bien tenu.

Le jeu du lancer de la fleur, dans la montagne, avec de petites amies.

Il suffit de peu de choses pour les amuser. Hier, elles se sont fait un «cerf-volant» en attachant un bout de laine à une étiquette de bouteille d'eau. Elles jouent aussi avec des fleurs, des feuilles, des cailloux. Les temples sont comme des terrains de jeu pour elles: elles grimpent sur les statues, sonnent les cloches, tournent les roues de prières. Elles adorent lorsque, en pleine ville, on croise des vaches, des chèvres, des chiens errants, des poules. Elles s'inventent des histoires où elles deviennent de petites chèvres qui cherchent leur maman. Lors de notre randonnée dans la montagne, où il y avait des caravanes d'ânes transportant des marchandises, elles ont joué pendant plusieurs jours à être des ânes (prénommés Frou-Frou et Noura). Elles ont aussi adopté des branches comme bâtons de marche, magiques évidemment. Elles s'inventent des flûtes avec des pailles, des saris avec des foulards, des menus de restaurant avec des dépliants touristiques, font des salades avec des pétales de fleurs. On a la chance d'avoir deux filles qui ont peu de différence d'âge et qui sont les meilleures amies du monde; elles ne s'ennuient jamais ensemble.


Je suis certaine que Bouddha ne se formalise pas de cette familiarité...




Les temples hindous... Mieux que des terrains de jeu!


Un monastère? Quel bel endroit pour un spectacle de danse!


Spin the prayer wheel!


And again!


And the giant prayer wheel!



Au temple hindou, ce sont des cloches qu'on peut sonner

Depuis qu'elles ont écouté à la télé un dessin animé mettant en vedette le dieu hindou Krishna, Marianne s'est prise d'affection pour les dieux et déesses locaux. Elle impressionne les Népalais en reconnaissant leur effigie lorsqu'on visite les temples: Ganesh, Lakshmi, Saraswati, Vishnou, et sa préférée, Durga. On lui a acheté des cartes postales de tous ces personnages, et elle reste de longues minutes à étudier tous leurs détails.

Elles apprennent quelques mots en langue népalaise. Mais surtout, font des progrès incroyables en anglais. Surtout Marianne, qui avait déjà commencé ses cours d'anglais à la maternelle. Les Népalais parlent presque tous anglais, surtout dans les endroits touristiques. Marianne peut répondre à des questions simples que lui posent les gens, est capable de commander au restaurant et nous demande très souvent la traduction de certains mots pour pouvoir s'exprimer. Elle se rend compte de l'utilité de cette langue. Hier, nous avons parlé avec elle pendant une dizaine de minutes en anglais. Je crois qu'elle fera des pas de géant d'ici la fin du voyage.

Elles deviennent aussi moins peureuses et moins gênées. Comme tout le monde leur parle, elles ont l'habitude de répondre – mais on leur a évidemment fait toutes les mises en garde de rigueur contre les inconnus qui veulent leur donner des bonbons ou leur montrer un petit chien. Elles ont d'ailleurs constaté que les inconnus sont parfois gentils: de retour d'une visite à une amie en banlieue de Katmandou, j'ai dû prendre, seule avec les deux filles, le bus local, paqueté à l'heure de pointe. Marianne s'est assise sur les genoux d'un gentil étudiant et s'est endormie paisiblement, la tête sur son épaule... Lorsqu'on juge que c'est assez sécuritaire, on les laisse se promener seules dans l'hôtel. Elles ne sursautent plus lorsqu'une moto klaxonne à côté d'elles et n'ont pas peur lorsqu'on traverse une rue en plein trafic, mais elles savent qu'il faut surveiller d'où viennent les véhicules. Et lorsqu'on voit un rat mort par terre, elles passent maintenant par-dessus en faisant à peine un petit commentaire: « Tient, un rat mort...».

Elles sont en train de devenir de véritables bourlingueuses, à l'aise partout où elles vont, enthousiastes et curieuses.  



Au resto, ne pas oublier les crayons à colorier


Mais on peut aussi improviser un petite danse sur la musique indienne


Facile de se faire des amies



... surtout quand on a le jeu de Uno! (Maintenant, on ne l'a plus. Resté chez Ritika et Rechika...)


« On joue que je suis la petite chèvre qui cherche sa maman, d'accord? »

jeudi 10 décembre 2009

Le bonheur est sur le toit

Marianne aide Songita et sa belle-mère à enrouler les balles de laine, sur un toit à Bhaktapur.


J'adore les toits népalais. C'est là que la vie sociale se déroule, au soleil, dans les hauteurs.

Au Népal, les cours et jardins sont très rares. En ville, la population est tellement dense que chaque parcelle est occupée. Et en campagne, tous les terrains plats – très recherchés dans cette contrée montagneuse – sont cultivés. Les Népalais mettent donc à profit les toits pour gagner de l'espace. C'est surtout le domaine des femmes: elles y font la vaisselle, le lavage, mettent le linge à sécher, coupent les légumes, font sécher le riz, filent la laine, tissent, tricotent, tout en devisant avec leurs voisines. Les gens font aussi leur toilette en plein air, au vu et au su de tous.

Les toits sont décorés de fleurs et de plantes en pots. On y cultive des herbes. Les bouddhistes y installent leurs drapeaux de prières.

De gros réservoirs de plastique noir sont installés pour recevoir l'eau de pluie et la chauffer au soleil. Les plus riches ont des panneaux solaires pour produire de l'électricité, puisque le réseau public est en panne plusieurs heures par jour ( le gouvernement appelle ça du «délestage»). Bref, le toit est le centre social et technique de chaque maison. En plus, on y est à l'abri du bruit et de la poussière de la rue. Et la vue est magnifique. Par temps clair, depuis les toits de Katmandou, on peut voir les sommets enneigés au loin, tout en se réchauffant au soleil.   

Conversation entre voisines sur un toit de Katmandou

La récré sur le toit de l'école. Marianne montre ses prouesses à la corde à sauter


Salon de coiffure improvisé sur un toit à Ponyatar

J'y passe aussi. Le résultat n'est pas terrible, mais nous avons passé un bon moment!


Sur le toit de la maison des Bhudatoki, Sanjhana met des herbes à sécher; en arrière plan c'est le riz.

jeudi 3 décembre 2009

Journée népalaise non-extraordinaire...


Lampions près du temple de Bouddhanath


Une journée népalaise comme je les aime, aujourd'hui. Une journée ordinaire, mais en même temps tellement peu banale...

Je suis seule avec mes deux filles pour deux jours. Marco est parti faire des visites pour un reportage. Ce matin: levées tard, crêpes pour déjeuner à l'hôtel. Les filles sont ensuite invitées à la maison de la propriétaire, une Hollandaise mariée à un Népalais; ils ont une petite fille de dix mois, Pema. Quand la petite va faire sa sieste, elles n'ont pas envie de rentrer à notre chambre, surtout que Marianne doit faire des devoirs...

Dîner au resto sympa juste à côté. Les filles ont trouvé une petite cour derrière la terrasse du resto pour jouer pendant qu'on attend notre repas. Mais Émilie revient en pleurant, le pantalon déchiré au genou. Ça prendra encore une patch...

On se met en route pour visiter les enfants de l'orphelinat de Child Haven. En chemin, on rencontre beaucoup d'enfants, parce que c'est jour férié. Mais voulez-vous bien me dire pourquoi mes filles sont plus intéressées par les chèvres que par les gens? À chaque petite bête qu'on croise, elles s'extasient et lui donnent un nom. Ça doit être parce que les chèvres ne viennent pas leur pincer les joues en leur demandant «What is your name?»... On croise aussi une vieille Tibétaine que j'ai pris en photo hier au temple de Bouddhanath et qui nous reconnaît, en nous gratifiant d'un sourire édenté. Dans la rue, des boucheries (morceaux de viande attendant les clients à même le comptoir), des magasins d'objets religieux (drapeaux de prières et bouddhas dorés), des orfèvres, des mendiants avec un membre en moins, des vendeurs de tissus chatoyants, des petits boui-bouis qui servent des momos (raviolis tibétains)... Nous arrivons au stand de taxi. Je sais que notre trajet ne coûte pas plus de 100 roupies (1,50$), mais les chauffeurs veulent me charger 200, à cause de la rareté du pétrole provoquée par la grève des pompistes de Katmandou (qui s'ajoute à la longue liste des grèves et autres manifestations). Je trouve finalement mon prix. On y est en cinq minutes.

En ouvrant la barrière, Karpana, huit ans, se jette dans les bras de Marianne et ne la lâche plus. Elles partent jouer et je ne les revoie pas. Émilie est gênée et s'accroche à moi. Nous jouons et jasons avec les enfants, puis prenons le dîner avec eux, assis sur des nattes dans la salle à manger.

Pendant que Marianne reste avec sa nouvelle amie, je pars avec Émilie, Anju, une ado de 15 ans, et Mahesh, le professeur de taekwondoe pour visiter une famille, non loin, qui a accepté de nous héberger pour quelques jours. La ville fait vite place à la campagne. Petite maisons basses et bien tenues, entourées de fleurs, le long de la route, puis nous marchons à travers champ. Tout le monde nous salue. Nos hôtes habitent une grande maison de briques roses. Y vivent: les grands-parents, leur fille et leurs deux fils, dont l'un est marié et a deux petites filles de 6 et 8 ans, super mignonnes, qui offrent des fruits à Émilie. Moi, on m'offre du chaï (thé au lait) et nous discutons de notre séjour chez eux. Le grand-père est très religieux, adepte de Vishnu, l'un des dieux hindous, et a le front barré de deux traits blancs (je lui poserai des questions là-dessus plus tard). Le fils aîné Rajaram est le président du comité de développement de son village.

Le professeur de taekwondo insiste ensuite pour que l'on passe chez lui voir les coupures de journaux relatant ses succès et ceux de ses élèves à des compétitions nationales. Mais en chemin, nous sommes apostrophés par une petite dame en sari rouge. Il y a un mariage dans le voisinage, je dois y aller absolument!, me dit-elle. Elle me prend par le bras et m'entraîne. Sûr que j'adore les mariages, mais il commence à être tard, et je suis en jeans... Pas grave, elle nous guide vers la maison où résonnent de la musique et des chants. C'est dans la cour que ça chante. Personne ne danse, sauf ma petite dame, qui m'entraîne avec elle. Pas le choix, je dois m'exécuter devant l'assemblée qui tape des mains. Même Émilie reste plantée à me regarder plutôt que de danser avec nous. Au bout de cinq minutes, je m'éclipse, alors que les futurs mariés arrivent. Une heure dans ce village et je suis déjà invitée à un mariage, qu'est-ce que ça sera après trois jours?

Mahesh tient toujours à ce que l'on passe chez lui. Il est très fier de ses succès, alors je feuillette ses albums photo pour lui faire plaisir.

Pour rentrer, on prend un raccourci à travers champs. Randonnée de cross-country: boue, montées à pic, herbe brûlée, éboulements de roches, bambous coupés... Les Népalais ont l'habitude de marcher n'importe où, mais pas nous! Émilie finit sur les épaules de Mahesh. C'est la fin de l'après-midi, les gens rentrent chez eux sous le ciel aux lueurs rosées, des enfants remplissent de gros bidons à la source, des vaches paissent tranquillement.

Marianne est contente de nous revoir, tout de même. Il commence à faire noir. On tente d'appeler un taxi, mais la course est maintenant rendue à 300 roupies! On décide d'aller prendre un Tempo (minibus), guidées par deux ados. Autre raccourci, cette fois-ci dans le noir. On glisse, on met les pieds dans la boue, on trébuche... Euh, ne devait-il pas y avoir un sentier ici? Malgré les difficultés, on rigole et Émilie ne lâche pas le bouquet de fleurs offert par Mahesh. On arrive finalement. « C'est tout un raccourci, commente Marianne. Une chance qu'on s'est pratiquées à marcher dans la montagne!»

Sur la rue, on attend le bus quelques minutes. Tarif pour notre trajet: 25 roupies. Je me fais encore demander par une gentille grand-mère dans l'autobus si les filles sont jumelles - même réponse 10 fois par jour: Marianne didi (grande soeur), Émilie baini (petite soeur).

Nous arrivons au temple de Bouddhanath, qui est illuminé de mille feux ce soir, en raison de la pleine lune. Des milliers de lumières de couleur l'entourent, on se croirait à Noël! On allume des chandelles et des lampions en offrande, ça me coûte 15 roupies et les filles jouent avec le feu... Une foule de dévots tourne autour de la stupa, des enfants jouent au badminton, d'autres au ballon.

On soupe dans un resto avec vue sur les lumières, mais une panne d'électricité éteint cette féérie multicolore. La panne quotidienne... Il fallait s'y attendre. Même Bouddha n'y peut rien! Il faudrait revenir à l'époque où la stupa n'était illuminée que de lampions au beurre...

On rentre à l'hôtel vannées. Mais en chemin, Émilie n'oublie pas une idée qu'elle a derrière la tête depuis hier: elle veut des céréales, aperçues dans un magasin. Ça fait deux mois qu'elles n'ont pas eu de céréales pour déjeuner, alors j'accepte de prendre la boîte de céréales au chocolat super sucrées, comme on n'en mange jamais à la maison. À l'hôtel, pendant qu'elles se gavent de céréales, ça sonne sur Skype: mes parents nous appellent. « Allô, tout va bien, on a eu une super belle journée! » Mais les filles s'effondrent bien vite dans leur lit...


Tiffin (dîner) avec les enfants de Child Haven.

La mariée inconnue au mariage de laquelle j'ai dansé.

mardi 1 décembre 2009

Les plus beaux sourires du monde


En 2000, j'ai passé trois mois au Népal, dont deux comme bénévole dans un orphelinat de l'organisme canadien Child Haven, en banlieue de Katmandou. Il y a deux jours, nous sommes retournés à l'orphelinat... Je me sentais comme une matante qui revoit ses petits neveux devenus grands! Et tellement beaux! Je ne me souviens pas de tous les noms (ils étaient 100 enfants à l'époque, près de 200 aujourd'hui), mais de plusieurs visages, oui. J'étais tellement contente de les voir en santé, brillants, gentils comme tout, épanouis, intéressés. Certains se souvenaient de moi, malgré le fait qu'ils voient passer beaucoup de bénévoles chaque année, et que plusieurs étaient très jeunes à l'époque. Ils étaient aussi très excités de recevoir des petites Canadiennes. Émilie était un peu gênée de toute cette attention, mais Marianne s'est très vite faite une bonne amie, Karpana, qui ne la quittait pas d'une semelle.

Nous avons eu la chance d'assister à un événement spécial au moment de notre passage: la bénédiction du mariage de Mahalaxmi, une ancienne pensionnaire de l'orphelinat. Elle doit avoir 23 ans maintenant, et était ado lorsque je l'ai connue. C'est maintenant une jolie femme, qui était rayonnante aux côtés de son nouveau mari. Elle est hygiéniste dentaire. Le mariage avait eu lieu la veille dans le village du jeune homme, mais comme c'est la coutume, la mariée fait ensuite reconnaître le mariage dans sa famille à elle. Même si son père est encore vivant, la famille de Mahalaxmi, c'est Child Haven, là où elle a grandi entourée d'amis, d'amour, de bons soins, et là où elle a reçu une bonne éducation; toutes choses que sa famille «bio» ne pouvait pas lui donner (sa mère est morte lorsqu'elle était encore bébé). Pour la bénédiction, les mariés sont assis à la place d'honneur, et les invités se succèdent pour leur remettre des cadeaux, en leur posant ensuite un tika sur le front. Le tika est normalement fait simplement de poudre rouge, mais pour cette occasion, il était fait d'une mixture de yogourt, riz et poudre de sindur (faite avec du curcuma). Avec tous les invités qui se pressaient autour d'eux, les mariés avaient à la fin le front recouvert en entier d'une galette rouge, à laquelle j'ai ajouté mon grain de... riz.

En raison de cet événement, plusieurs anciens pensionnaires de Child Haven, qui ont quitté l'orphelinat pour travailler ou étudier, étaient revenus. C'est ainsi que j'ai pu en croiser plusieurs. Comme Geeta, maintenant infirmière, qui m'a invité chez elle (où nous irons bientôt). J'ai eu des nouvelles de plusieurs des pensionnaires dont je me souvenais particulièrement: Junu, une grande fille athlétique, qui a fait son cours d'infirmière et viens de partir tenter sa chance aux États-Unis; Arpana, une mignonne enfant qui m'avait prise en affection, et qui a maintenant un bébé (elle ne doit pas avoir plus de 19 ans...); Pinky, qui étudie en pharmacie; Hira, aux grands yeux, qui est maintenant une adolescente superbe et rieuse... Plusieurs des garçons étudient en informatique.

Le lendemain matin, je suis retournée pour faire des photos pour un reportage. Les grandes filles se préparaient pour partir à l'école et j'ai passé du temps avec elles dans leur chambre. Elles m'ont parlé de leurs études, des garçons, de leurs cheveux, des cellulaires, de l'avenir... Comme les ados de chez nous, quoi! J'avais apporté les reportages que j'avais publié, il y a près de 10 ans, dans le journal Le Droit, où je travaillais à l'époque. Elles ont ri en se reconnaissant sur certaines photos. Et elles m'ont dit à quel point elles étaient bien dans cette grande maison où elles mangent à leur faim, peuvent se concentrer sur leurs études parce qu'elles n'ont pas à travailler pour gagner de l'argent, où elles sont encouragées, stimulées, supportées.

Child Haven a sept autres orphelinats en Inde, au Tibet et au Bangladesh. C'est une organisation qui fonctionne seulement grâce aux dons privés et qui fait des miracles pour aider près de 1000 enfants avec peu d'argent. Leur administration est réduite au strict minimum pour que tous les fonds recueillis servent directement à ceux qui en ont besoin. Alors si vous  n'avez pas encore fait de dons en 2009 pour avoir vos reçus de charité pour les impôts... www.childhaven.ca


Mahalaxmi et son nouveau mari, au milieu du personnel de Child Haven.

Petit déjeuner (dhal bat) avant le départ pour l'école.


Observez les sourires épanouis de ces ados resplendissantes!

Marianne et sa bonne amie Karpana


Émilie ne manque pas d'attention...


T'es qui toi?