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vendredi 19 mars 2010

Le dur apprentissage de la générosité + le sac à dos des enfants




LAC INLE, Birmanie - Nous étions assis dans une pirogue, glissant doucement au fil de l'eau, sur des canaux sillonnant des rizières ou des cultures maraîchères. Devant nous, des canards battaient des ailes pour fuir en nous voyant arriver. Sur les rives, des buffles nous regardaient passer d'un oeil indifférent, en ruminant. Les enfants, eux, étaient très excités de nous voir. Ils s'arrêtaient pour nous envoyer la main en criant «Hello!». D'autres se précipitaient aux fenêtres de leurs maisons de bambou, sur pilotis, pour nous regarder passer – les pilotis, c'est parce que toute la région est inondée pendant la saison des pluies.







Les filles, pour passer le temps dans la pirogue - parce que ça peut devenir lassant de voir la campagne birmane défiler derrière des roseaux – avaient apporté des petites figurines de plastique: des pouliches, Kitty, Blanche-Neige et quelques autres personnages à qui elles inventent des aventures rocambolesques. Nous nous sommes arrêtés sur le rivage, à mi-chemin, pour que notre rameur vide l'eau qui s'était infiltrée dans le fond de la pirogue. Aussitôt, quelques enfants intrigués et souriants se sont approchés pour nous observer; en fait, ce sont surtout les filles qui étaient l'objet de leur curiosité. Il y a peu de touristes en Birmanie, et encore moins de touristes de leur âge.

Émilie et Marianne ont montré leurs petits jouets. On leur a alors expliqué que ces enfants n'avaient probablement que des bouts de bois et des cailloux pour jouer, à en juger par le dénuement de leurs maisons. Accepteraient-elles de donner des figurines à ces petits Birmans?, leur a-t-on demandé. Émilie, toujours généreuse, a accepté tout de suite, et a cédé ses bonshommes avec le sourire à deux petits garçons enchantés. Marianne, qui tient plus à ses affaires, a hésité, mais a fini par consentir, un peu à contre-coeur. Les enfants étaient fous de joie, et les filles étaient fières de leur avoir fait tellement plaisir.


La rencontre

Avant



Après

Mais quelques minutes plus tard, de retour dans la pirogue et sur les canaux, elles ont réalisé qu'elles ne reverraient plus leurs petites figurines adorées – elles en avaient d'autres à l'hôtel, mais celles-là étaient leurs préférées. Et nous avons nous aussi réalisé que ces petits personnages qu'elles transportent depuis le début du voyage sont leurs amis, qu'ils leur permettent de se créer un petit univers familier partout où nous posons nos sacs à dos. Elles adorent les mettre en scène dans de petites histoires sorties de leur imagination débridée. Et là, ces amis si chers allaient habiter dans une maison de bambou dans un coin perdu de la Birmanie... Il y eut quelques larmes, on en a entendu parler pendant plusieurs semaines, elles nous ont reproché de les avoir incitées à se séparer de leurs figurines favorites, et nous avons fait notre mea-culpa. À l'avenir, nous allons attendre qu'elles décident elles-mêmes de céder leurs possessions, si elles le veulent.

Ça fait maintenant deux mois qu'elles sont séparées de leurs petits personnages. Elles en ont eu d'autres pour les remplacer. Et la petite pochette de figurines est toujours un élément indispensable de nos bagages. À part ça, les autres items essentiels du sac à dos des enfants sont:

  • les crayons de couleurs, avec des cahiers dans lesquels elles dessinent leur voyage (nous sommes déjà au troisième cahier, que de beaux souvenirs!);


  • les toutous. Nous en avons déjà perdu quelques uns en cours de route (Marianne a beaucoup pleuré la disparition de Petit Dragon, qui était un cadeau de son amoureux Jules...), mais d'autres se sont ajoutés à la collection. Ils permettent de s'endormir plus paisiblement dans une nouvelle chambre d'hôtel;

    Émilie dans le train avec Diana, un ourson originaire de Thaïlande, perdu dans un autobus birman...



  • les petites sacoches. Les filles adorent y mettre leurs petites choses lorsque nous allons au resto. Mais ça aussi, ça se perd facilement: Marianne en est à sa troisième;

  • les barrettes et autres ornements pour cheveux, avec des peignes et des brosses. Les filles, c'est des filles...;

  • le jeu de Uno. Nous avons vécu plusieurs parties enlevantes, dans un refuge de montagne dans le massif de l'Annapurna, au Népal, sur une plage de Ko Phangan, en Thaïlande, ou sur le pont d'une jonque dans la Bais d'Halong, au Vietnam.





Nous traînons aussi dans nos sacs d'autres jeux légers et faciles à transporter, comme un jeu de mémoire, un jeu de serpents et échelles miniature, un château en carton qui se monte comme un casse-tête (vive Dollarama!) pour mettre en scène les petites figurines, deux pelles de plage, une corde à sauter et des bouées gonflables.

J'oubliais un élément important de divertissement: l'ordi. Officiellement, on a un laptop avec nous pour travailler, mais il sert aussi beaucoup à écouter de la musique et des films. On a même pu acheter des films en chemin (des copies piratées, désolée Walt Disney...). Rien de tel qu'une petite soirée cinéma comme prélude à une bonne nuit de sommeil.

Mais les filles s'amusent avec tout ce qui leur tombe sous la main: un paréo, des bouts de rubans, des coquillages, des fleurs, des bambous, des bouteilles d'eau vides, des emballages de bonbons, des baguettes... Elles adorent les bâtonnets mélangeurs qu'elles reçoivent parfois dans leurs shakes aux fruits. Elles ont appris à demander, en anglais, si elles pouvaient les garder, surtout ceux qui sont colorés, avec de jolies formes. Dans un café de l'île de Ko Chang, en Thaïlande, la propriétaire leur a fait chanter une chanson avant de consentir à leur donner les bâtonnets. C'était hilarant! Marianne a aussi commencé une collection de cartes d'affaires d'hôtels, de restos et de boutiques. Maintenant, leurs sacs à dos sont un indescriptible fouilli, mais ça les tient occupées pendant les longs voyages en autobus. Je crois que lorsqu'elles reviendront à la maison et retrouveront leur montagne de jouets, elles ne sauront plus où donner de la tête.


Marianne et Émilie, avec Marco, portant leurs sacs à dos remplis de leurs trésors 

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