Nous sommes arrivés à Mandalay à 23h le soir, après un éprouvant voyage en train de 17 heures (voir Mandalay non-express). En quittant la cohue de la gare, nous avons marché avec nos lourds sacs à dos dans les rues mal éclairées, en remorquant les filles et en tentant d'éviter les trous dans les trottoirs. Sur la carte, pourtant, l'hôtel semblait tout près...
Lorsque nous l'avons finalement trouvé, 20 minutes plus tard, nous avons pris la dernière chambre, même si elle était minuscule. Le lendemain, nous sommes sortis pour découvrir une ville sans charme, poussiéreuse, quadrillée de grandes artères à la circulation chaotique, bordées d'égouts nauséabonds et d'immeubles sans intérêt. Nous nous demandions vraiment pourquoi nous avions tant souffert pour arriver ici.
C'était avant que l'on rencontre Zsa-Zsa. Il attendait devant notre hôtel, dans son petit taxi bleu, et nous lui avons demandé de nous conduire à la colline de Mandalay.
Il faut préciser tout de suite que le petit taxi bleu est une mini-camionnette Mazda 1975, avec un moteur de 600 cc – moins puissant qu'une moto! On dirait un jouet, et les filles ont tout de suite adoré ce véhicule rudimentaire – pas de radio, et je me demande même s'il y avait des clignotants... On s'asseyait à l'arrière, sur les deux petites banquettes, et on s'accrochait aux rampes pendant que Zsa-Zsa se frayait un chemin sans se presser à travers le trafic débile.
Nous sommes arrivés en vue de la colline, couverte de temples, et Zsa-Zsa nous a offert de s'arrêter prendre une photo au meilleur point de vue. Ils nous a ensuite conduit au pied des escaliers de la colline, où il a attendu notre retour. Pendant que le soleil déclinait, nous avons monté 1000 marches (oui, les filles aussi!), avons vu des dizaines de statues de bouddha, certaines faisant trois étages de haut, avons jasé avec de jeunes moines, avec des touristes birmans qui nous avaient vu dans le train la veille et avec une brillante petite vendeuse de cartes postales de onze ans qui savait parler six langues (à qui nous avons souligné l'importance de continuer d'aller à l'école). Soleil couché, nous avons redescendu les 1000 marches et sommes repartis avec Zsa-Zsa.
Marianne et Émilie à l'arrière du petit taxi bleu Un bouddha géant et son frère sur la colline de Mandalay
La brillante petite vendeuse de cartes postales Les moines avec qui nous avons fait un brin de jasette
Nous avons tellement aimé le chauffeur de 29 ans et ses prix raisonnables que nous avons passé les deux jours suivants avec lui. D'abord, pour aller visiter Amarapura et le pont U-Bein, le plus long pont en bois de teck au monde, qui traverse le lac Taungthaman. Magnifique endroit, que l'on a visité aussi au coucher du soleil. En chemin, sans qu'on le lui demande, Zsa-Zsa nous a arrêté à plusieurs endroits intéressants – une superbe pagode où les gens recouvrent un bouddha géant de feuilles d'or, un atelier où les feuilles d'or en question sont fabriquées et la rue où les statues de bouddha sont sculptées dans le marbre. Très particulier. Il est aussi passé par de petites routes d'où l'on avait une superbe vue et où l'on s'est arrêtés pour parler à des enfants, intrigués de voir deux petites filles blanches dans le coin. En rentrant en ville, Zsa-Zsa nous a conduit au resto de notre choix et nous a attendu pour nous reconduire à l'hôtel, sans frais!
Sculpteur s'affairant à donner un visage à ces bouddhas Petit blagueur près d'Amarapura
Le lendemain, nouvelle balade avec lui, cette fois pour visiter Sagain et sa colline aux mille temples. Encore une fois, une profusion de bouddhas dorés, de moines en robes rouges et de points de vue à couper le souffle – non, non, ce n'est pas à cause des escaliers que j'ai le souffle court! La balade sur les routes de campagne était superbe. Nous dépassions des charrettes à boeufs, des paysans à moto, des enfants à vélo. Sur le bord du chemin, des montagnes de pastèques à vendre et de l'essence, vendue au litre dans des bouteilles d'alcool – ici, on recycle! Nous avons eu peur de causer un accident: un motocycliste, subjugué par Émilie et Marianne, nous a suivi de (trop) près pendant une dizaine de minutes, en faisant des pitreries pour faire rire les filles, comme de lâcher son guidon et de s'envoyer les pieds en l'air.
Regardez, sans les mains! Fais dodo...
Poste d'essence Belle rencontre dans un temple près de Sagain
Nous sommes arrêtés prendre un verre sur le chemin du retour dans un joli resto avec des petits ponts au-dessus d'un lac. Et c'est là qu'on a pu apprendre l'histoire de Zsa-Zsa, pendant qu'il buvait son Star cola. Célibataire, bouddhiste très pieux, il est diplômé en droit et a travaillé pour le gouvernement – la junte militaire - à sa sortie de l'université. Dégoûté par ce qu'il a vu, il a démissionné après un an. « Le gouvernement ne respecte même pas ses propres lois, nous a-t-il confié. Il y a de la corruption partout, le gouvernement ne travaille pas pour les gens. »
Pour gagner sa vie, l'avocat s'est donc transformé en chauffeur de trishaw – un vélo avec un genre de side-car pouvant transporter deux personnes, mais souvent bien plus... Il a économisé pendant deux ans pour amasser les 2000$ nécessaires à l'achat de son bolide bleu, il y a quatre ans. Il aime bien le contact avec les touristes, dit-il.
Le matin de notre départ, nous avions demandé à Zsa-Zsa de nous conduire à la gare d'autobus. Il était là à 7h, et avait même de petits cadeaux pour les filles: des petits soldats de plastique et des barbies – elles avaient perdu la tête au bout de 15 minutes mais, eh!, c'est l'intention qui compte...
Nous sommes heureux de t'avoir rencontré, Zsa-Zsa
Salut la p'tite famille
RépondreSupprimerQuel plaisir de vous lire.J'attends vos messages avec impatience.
Quel beau trip familial !!! Je vous envies tellement.
Marianne et Emilie ont bien de la chance de vous avoir comme parents et de vivre une telle aventure.
Ça s'appelle ¨l'école de la vie¨
À plus
Jocelyne Legendre toujours à la poup du CPE Chez-nous Chez-vous xxxx
Ce matin! J'ai tapé "départ" dans votre moteur de recherche. Quelle joie de vous lire et découvrir vos expériences dans ce petit taxi bleu; votre chauffeur vous a été merveilleux, il y a de bonnes gens sur la route des voyageurs et c'est tant mieux, j'aime votre écriture et vos photos.
RépondreSupprimer