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jeudi 22 avril 2010

Bonnes nouvelles années!

Au cours d'un voyage comme le nôtre, il se produit des phénomènes étranges. Par exemple, nous venons de vivre notre 3e Nouvel an en quelques mois! Comment cela est-il possible?


HAPPY NEW YEAR!

Le 1er janvier, en Thaïlande, nous avons célébré le Nouvel an du calendrier grégorien. Nous étions sur l'île de Ko Lanta en compagnie de Chantal, la soeur de Marco, de son mari Éric et de leur fille Éloïse. C'est un endroit très touristique, il y avait donc des célébrations pour le Nouvel an des touristes: feux d'artifices et envolées de lanternes de papier au-dessus de la mer. Nous avons fêté avec un bon repas de fruits de mer sur la plage et du bon vin. Mais les Thaïlandais ne célébraient pas leur Nouvel an à eux à ce moment.


L'arrivée de la nouvelle année soulignée dans le sable en lettres de feu pour les touristes


Marianne et Émilie, entourant leur cousine Éloïse, se préparent à larguer une lanterne de papier au-dessus de la mer pour souligner la nouvelle année. Moi, j'en ai profité pour réfléchir à l'année qui vient de se terminer, qui a amené son lot d'événements dramatiques dans ma vie... Mais qui s'est terminée de façon exceptionnelle, par la réalisation d'un rêve.



CHUC MUNG NAM MOI!

Le 14 février, nous avons célébré la Fête du Têt, le Nouvel an vietnamien – la même date que le Nouvel an chinois. Le Vietnam entrait dans l'année 2552, l'année du Tigre. Nous étions à Tam Coc, un village situé au sud d'Hanoi, qui est visité pour sa magnifique rivière: elle sillonne des rizières semées de formations karstiques, puis s'engouffre des dans grottes, que nous pouvons visiter dans de petites barques. Marco a fait un post là-dessus sur son blogue . La plupart des touristes ne viennent qu'une journée à Tam Coc, sans y dormir. Nous, nous sommes restés une semaine dans ce charmant endroit, et avons logé à la non moins charmante pension Chez Loan.




Loan est une jeune femme hyper sympathique, mère de deux enfants, qui parle un français chantant. Elle était brodeuse et rameuse pour les barques de touristes. Elle a débuté des cours de français à Hanoi il y a deux ans, tout en continuant de travailler. Et elle a réussi à ouvrir sa petite pension l'an dernier avec l'aide de membres de sa famille installés en France. Remarquable ce qu'elle a fait en peu de temps. Sa pension est devenue la coqueluche des forums de voyageurs en France.


Loan et sa fille Camille viennent de remettre de jolies images brodées à Émilie et Marianne, comme cadeaux de la Fête du Têt




Les premières journées de la fête du Têt se célèbrent en famille restreinte et ont surtout pour but de rendre hommage aux ancêtres. Nous ne pouvons donc pas dire que nous avons vraiment participé aux célébrations. Mais nous avons tout de même eu droit à quelques verres d'alcool de riz – il faut faire cul-sec, évidemment, ou 100%, comme disent les Vietnamiens – et à la dégustation de quelques sucreries préparées pour l'occasion. Les filles ont eu la chance en plus de partir à moto avec Loan et sa fille de 9 ans, Camille, pour un après-midi de visites familiales. Les célébrations du Têt durent plusieurs jours, au cours desquels les gens boivent et mangent à profusion. En fait, c'est comme Noël, le Jour de l'an et l'anniversaire de chacun célébrés en même temps, puisque c'est à cette occasion que tous les Vietnamiens changent d'âge (c'est pourquoi il règne une certaine confusion lorsque l'on de demande l'âge des enfants, pour comparer à celui de nos filles).



Les gens s'adonnent à toutes sortes de rites superstitieux, comme par exemple brûler des copies de billets de banque pour s'attirer la bonne fortune. Ils doivent aussi soigneusement choisir la première personne qui entrera dans leur maison au Jour de l'an: elle doit avoir le bon signe astrologique, avoir un comportement exemplaire et avoir réussi dans la vie, pour apporter la chance à la famille pour l'année à venir. Les routes étaient ultra-achalandées juste avant la fête, puisque les Vietnamiens se rendaient dans leurs familles pour fêter.


Cette femme brûle de faux billets de banque dans la rue pour attirer la bonne fortune pour la nouvelle année.



Ce jeune garçon installe des drapeaux de la fête du Têt dans on village.          Décorations à vendre à Hanoi.


Cet arbre est un kumquat, qui donne de petits fruits semblables à des clémentines. C'est l'«arbre de Noël» des Vietnamiens, qui l'installent dans leur maison pour le jour de l'an. 



SUR SDEI CHHNAM THMEI!

Enfin, le 14 avril, nous avons vécu notre 3e Nouvel an, au Cambodge, où la fête s'appelle Chaul Chhnam. D'autres pays que nous avons visité fêtaient aussi l'arrivée de leur nouvelle année à cette date: la Thaïlande (Songkran), la Birmanie (Thingyan), le Laos (Pii mai) et le Népal (Navavarsha). En Thaïlande et au Laos, les gens célèbrent en s'aspergeant de seaux d'eau dans les rues; sympathique, puisque nous sommes ici à la période la plus chaude de l'année. Mais au Cambodge, même si nous aurions bien voulu nous faire rafraîchir, nous n'avons rien vu de tel. Il y avait beaucoup d'activités dans les pagodes, où les gens se rendaient prier en grand nombre. Et à notre hôtel – super sympa, le Golden Banana, un endroit qui s'annonce comme étant «gay friendly», ahahah! - il y a eu un party organisé avec les employés, avec des jeux comme une pinata, une course de poches, attraper des pommes dans un bassin d'eau, etc. Et le fun consistait à s'asperger de poudre de talc.
Puisque nous avons célébré trois fois le Nouvel an et que nous avons reçu tellement de voeux de bonne année, est-ce que ça signifie que notre année sera trois fois meilleure? En tout cas, c'est bien parti!






























(Pardonnez l'étrange mise en page, ce &!;%?*@# de site vient de changer ses paramètres, et il n'y a plus moyen de mettre les images où l'on veut.)

jeudi 15 avril 2010

Le mariage forcé de Lang

Nous sommes débarqués à Sapa, dans le nord du Vietnam, après une nuit de train – superbe expérience, avec notre compartiment à nous, quatre couchettes; les filles ont adoré. Sapa est une jolie petite ville construite à flanc de montagne. C'est la contrée de différentes minorités ethniques du Vietnam, notamment les H'mongs, qui se baladent partout en costume traditionnel, ce qui ajoute pas mal de couleur à l'endroit. (Étonnant: il y a 52 groupes ethniques différents au Vietnam, pas toujours bien traités par le gouvernement central, et qui se sentent très peu Vietnamiens, selon ce qu'on a pu constater).

Nous devions partir en randonnée, notre activité favorite, le lendemain de notre arrivée. Mais la veille, hélas, Émilie s'est mise à vomir, causant quelques dégâts dans la chambre. D'une certaine façon, j'étais soulagée: si c'était arrivé la veille, nous aurions été dans le train, et si c'était arrivé le lendemain, nous aurions été dans une maison d'un petit village de montagne... Émilie a donc bien choisi son moment. Mais je me suis demandée si elle ne nous envoyait pas un message inconsciemment: au Népal, elle a été malade un soir pendant notre randonnée de cinq jours, et en Birmanie, elle a fait de la fièvre la deuxième journée de notre randonnée de deux jours. Elle n'a été malade a aucun autre moment pendant le voyage... Enfin, à chaque fois, c'était bénin. Et cette fois-là aussi, on n'a eu qu'à reporter notre randonnée d'une journée et elle était remise d'aplomb.

Donc, le matin de notre départ, nous avons eu le plaisir de faire la connaissance de notre guide pour les deux prochaines journée, Lang, une jeune fille H'mong de 20 ans, vêtue de ses habits traditionnels: veste et pantalon court noirs, décorés de broderies, sac brodé multicolore et, le plus étonnant, rubans de velours noir enroulés autour des mollets, laissant les genoux à découvert. Nous avons adoré Lang, qui parlait bien anglais, était délurée, faisait des blagues avec les filles et connaissait son métier. Elle nous a guidés sur des sentiers superbes, sillonnant les rizières (malheureusement à sec, la récolte venait de finir).

Quand les rêves volent en éclats

Les filles ont vu qu'elle portait une belle bague – elles remarquent toujours les bijoux. Lang nous a alors expliqué que c'était un cadeau de son fiancé. Nous nous sommes empressés de la féliciter pour son mariage prochain. Nous n'aurions pas dû. L'histoire qu'elle nous a raconté au cours des deux jours suivants n'a rien d'une histoire d'amour.

Lang est une jeune femme brillante, mais elle n'est allée à l'école que jusqu'à 13 ans, comme la majorité des enfants de son village. Elle a appris l'anglais en vendant de l'artisanat aux touristes, à Sapa, comme des centaines de ses compatriotes. Elle a vraiment un don pour les langues: elle apprenait des mots et expressions en français juste en nous écoutant parler.

Guide de montagne, c'est un bon métier, mais Lang ne gagne que 5$ par jour, quand elle est payée (à notre grand déplaisir, elle nous a appris que l'agence par laquelle nous avions transigé la paie en retard, et oublie parfois de le faire). La jeune H'mong nourrit donc le projet d'aller étudier à Hanoi pour finir son secondaire et suivre une formation de guide touristique. Par son travail de guide de montagne, elle a rencontré des étrangers qui l'ont prise sous son aile et ont proposé de financer ses études dans la capitale – je sais que c'est vrai, j'ai vu leurs courriels, lorsque Lang m'a demandé de l'aide pour lire un message sur notre laptop, qu'on lui a prêté.

Lang était donc pleine d'espoir pour l'avenir. Mais quelques semaines avant notre rencontre, ses rêves se sont écroulés abruptement: elle a été kidnappée, littéralement, par un jeune homme décidé à se marier avec elle. Avec quatre autres personnes, il l'a emmenée de force chez lui et l'a gardée pendant plusieurs jours pour qu'elle consente à se marier. Lang – qui connaissait le jeune homme, un simple ami, dit-elle – ne voulait évidemment pas. Mais en son absence, les deux familles se sont parlées, la famille du jeune homme a donné à la famille de Lang 4 millions de dongs (environ 250$) et 10 kilos de poulet, et l'avenir de la jeune femme était scellé...

Lang a tenté de convaincre ses parents qu'elle ne voulait pas se marier, mais ils ne l'ont pas écoutée. Le jeune homme est, semble-t-il, un bon parti; sa famille est relativement à l'aise. Mais ça signifie que Lang doit aller vivre dans sa belle-famille (elle y était déjà installée, d'ailleurs). Elle deviendra à toutes fins pratiques l'esclave de ses beaux-parents: elle devra aller ramasser le bois pour la cuisson, faire à manger pour toute la famille, faire le ménage, la lessive... Et faire des enfants très rapidement, évidemment. Pour Lang, c'est la catastrophe, la fin de ses projets pour un avenir meilleur.

Prise au piège

Pendant la randonnée, elle a discuté avec nous des moyens de se sortir de cette situation. Elle devrait trouver l'argent pour repayer la famille de son «fiancé» et obtenir que les deux familles prennent l'alcool de riz ensemble pour briser l'engagement. Si elle part tout de même pour Hanoi, elle sera reniée par sa famille et par tout son village, et ne pourra probablement plus revenir... Pas facile à prendre comme décision, dans un coin du monde où la famille est tout ce qui compte.

D'ailleurs, le petit fiancé gardait Lang à l'oeil. Le soir où nous nous sommes arrêtés pour dormir dans une maison d'un village H'mong, il est venu surveiller sa promise, et l'a même amenée chez lui pour passer la nuit. Sympathique...

Nous avons encouragé Lang à ne pas renoncer à ses ambitions, à décider elle-même de sa vie. Mais elle se sentait coincée. Tout son entourage la veut dans ce mariage qu'elle ne veut pas.

Lang est devenue mon amie Facebook. Je lui ai envoyé un message pour tenter de savoir où elle en était, mais n'ai pas eu de réponse...

Je ne peux m'empêcher de penser à elle, et à toutes les femmes d'Asie qui ne vivent pas LEUR vie, mais une vie décidée par les autres, par leurs parents, notamment. Les femmes, ici, sont une commodité que l'on achète, que l'on échange. On n'a pas idée à quel point on a de la chance d'être nées là où l'on est nées...

(Pour protéger son anonymat, je ne publie pas de gros plans de Lang)



Lang, guide hors-pair, transporte Émilie sur son dos, sur un sentier surplombant des rizières


Pendant tout notre premier avant-midi de randonnée, nous avions trois accompagnatrices H'mongs en plus de notre guide. Elles nous ont diverti et ont même porté les filles lors des passages difficiles. Leur but: nous vendre de l'artisanat lors de la pause du midi. Malheureusement, elles vendaient leur marchandise trois fois plus cher qu'en ville, et nous ne voulions pas encourager cette pratique...


L'une des vendeuses a confectionné des couronnes avec des fougères pour les filles. 


Jeune femme H'mong devant les rizières


Passage difficile pendant la randonnée


Les costumes traditionnels des femmes H'mongs sont superbement brodés


Marianne a essayé un costume H'mong - un peu trop longues, les manches...

La cabine du train de nuit pour Sapa






samedi 10 avril 2010

L'Asie dans les yeux des enfants

Nos filles adorent dessiner, surtout Marianne. En voyage, c'est un super passe-temps. Et c'est une super façon de raconter le voyage. Elles ont autour d'elles des sources d'inspiration sans fin. Voici quelques uns de leurs dessins et les paysages qui les ont inspirés.

Je constante qu'elles n'ont dessiné que les «belles choses» plutôt que les moins belles, comme les amoncellements de détritus ou les photos des atrocités commises à My Lai lors de la guerre du Vietnam - des centaines de civils tués par les Américains, je vous en reparle...

La randonnée au milieu des bambous, en Birmanie, vue par Marianne





Les vendeuses de fruits de Birmanie


Les multiples visages de Bouddha













Le pont U-Bein, près de Mandalay, en Birmanie



Charrettes à boeufs de Birmanie



Les maisons birmanes sur pilotis

Par Émilie



Par Marianne


La baie d'Along


Par Marianne



Par Émilie


Les Vietnamiennes et leurs lourdes charges



Rizières vietnamiennes



Par Marianne

Par Émilie