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mercredi 24 février 2010

Vedettes aux yeux clairs


Depuis le début de notre voyage, Émilie et Marianne ont dû s'habituer à manger des mets exotiques, à dormir dans toutes sortes de chambres d'hôtel, à dire bonjour en différentes langues, à s'asseoir dans une voiture sans attacher leur ceinture (inexistante) et à traverser les rues même lorsqu'il y a des véhicules qui arrivent (en nous tenant la main, tout de même!...). Elles se sont aussi habituées à se faire dévisager, se faire pointer du doigt et se faire prendre en photo presque tous les jours par des résidants locaux, ébahis devant ces petites filles aux cheveux et aux yeux clairs. Surtout au Népal et ici, au Vietnam, où les cellulaires équipés d'un appareil photo sont assez répandus – du moins dans les villes. La semaine dernière, nous sommes allés au Musée d'ethnologie du Vietnam, à Hanoi. Il y avait des activités spéciales pour la fête du Têt (le nouvel an lunaire) et les familles vietnamiennes étaient sorties en masse pour en profiter. Les filles ont été prises pour cibles de multiples appareils pendant toute notre visite. Puis, à la fin, des femmes d'une troupe de danse en vêtements traditionnels se faisaient photographier dans les marches du musée. Elles se sont ruées sur les filles pour se faire prendre en photo avec elles. Il y a eu un attroupement de caméras devant le tableau. Ça n'en finissait plus! À la fin, toute la famille s'est fait prendre en photo avec la troupe. Hilarant! Nous avons acheté pour les filles des ao dai, le costume traditionnel vietnamien, composé d'une tunique en soie avec des broderies et de pantalons amples. Les filles veulent les porter pour se promener en ville, mais j'hésite: je crains que nous ne puissions pas avancer à cause des trop nombreuses caméras.

En Birmanie, où les cellulaires sont moins répandus – ils coûtent 1500$! -, les filles ont posé un peu moins. Mais elles ont été couvertes de petits cadeaux: bracelets, petites sacoches, fleurs, jouets, fruits, bonbons, etc. Bon, les enfants ne devraient pas accepter de bonbons de la part d'un étranger, mais les birmans sont les gens les plus gentils qu'on ait rencontrés, alors on a fait une entorse à la règle. Suffisait que les filles disent à une jeune employée de l'hôtel qu'elle avait un joli bracelet pour que la jeune fille le leur donne. Elles ont vite compris le truc et nous avons dû intervenir pour qu'elles ne dépouillent pas les gentilles dames de leurs bijoux.

Pour en revenir aux photos, nous songeons à demander un tarif pour chaque cliché de nos filles... Ben quoi, elles pourront ainsi contribuer aux frais du voyage! Mais je ne sais pas comment elles se réadapteront à la vie à Montréal, lorsqu'elles redeviendront des petites filles comme les autres...

Nous nous sommes amusés à photographier les photographes photographiant nos filles. Les voici:


En Thaïlande



Au Népal





En Birmanie


Au Vietnam




mardi 16 février 2010

Birmanie, le bout du monde



La dictature militaire maintient les Birmans dans une relative isolation. Ils ne peuvent regarder les chaînes internationales à la télé. L'accès à Internet est censuré, et de toute façon réservé aux mieux nantis. Même le téléphone est un luxe qui n'entre que dans les maisons de riches. Les Birmans ordinaires font leurs appels dans la rue, sur des téléphones (avec fils!) posés sur des tables. Bonjour la confidentialité! Quant aux téléphones cellulaires, leur prix est exorbitant: 1500$. Réservé aux richissimes – le revenu moyen en Birmanie est de 200$ par année.


« Les gars, vous pouvez vous boucher les oreilles pendant que j'appelle ma chérie? »

Coupés du reste du monde et très pauvres, les Birmans ont donc conservé leurs traditions plus qu'ailleurs en Asie. Voici ce qui nous a étonné à notre arrivée:

Tout le monde en jupe!

Les hommes comme les femmes portent le longyi, un genre de sarong. C'est une pièce de tissu, cousue sur elle-même, fleurie pour les femmes, à carreaux pour les hommes. Je m'en suis acheté un, mais n'ai pas réussi à convaincre Marco de faire de même. Pour le faire tenir, il faut le replier et en rentrer un bout à la taille pour le coincer. Mais ça ne tient pas très bien. On voit donc à tout bout de champ, en pleine rue, les gens ouvrir leur longyi pour le resserrer. Avec un bouton ou un ruban, ça tiendrait mieux, il me semble... Il ne mettent des attaches que sur les longyis pour enfants, comme ceux que j'ai acheté pour Émilie et Marianne.


Vendeur de poulet en longyi, au marché à Rangoon

La face blanche

Les birmans se barbouillent le visage de thanakha, une pâte blanchâtre faite à partir d'écorce broyée. Ça les fait ressembler à des spectres. C'est censé les protéger du soleil et aussi contribuer à blanchir la peau. Mais certains ne s'en mettent que deux traces sur les joues. Et pour les enfants, on s'en sert pour faire des dessins. Alors je crois que c'est devenu plus une décoration qu'autre chose.




Petite princesse au parc à Rangoon Élèves de maternelle dans la cour d'école en début de journée 




Femmes de l'ethnie pa-o, le jour du marché, sur les rives du lac Inle Émilie décorée au thanakha


Rouge bétel

Les gens, surtout les vieux en campagne, mâchent de la noix de bétel, de couleur rouge. Les noix sont emballées dans une feuille de bananier. Ça fait un assez gros paquet dans la bouche, alors quand ils essaient de parler anglais avec ça, déjà que leur connaissance de la langue est assez rudimentaire, on ne comprend pas grand-chose. Ils mâchent leurs noix de bétel comme nous on mâche de la gomme. Sauf qu'ils doivent cracher au bout d'un moment. Où crachent-ils? Par terre. Les trottoirs sont constellés de tâches rougeâtres. Et beaucoup de birmans se retrouvent avec les dents tachées de rouge, ce qui n'est pas du plus bel effet.

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Vendeuse de fleurs à la bouche rouge de bétel, dans un temple de Mandalay


Tout pour Bouddha!

La Birmanie est couverte de pagodes, de temples et de monastères. Difficile de faire un kilomètre sans voir l'une de ces constructions dédiées à Bouddha. Et les pagodes grouillent de dévots, qui prient et font des offrandes à Bouddha: des fruits, des fleurs, de l'encens, des bonbons, des boissons gazeuses (!). En certains endroits, les fidèles collent des feuilles d'or sur les statues de Bouddha. Les temples sont d'une richesse incroyable, les toits brillent d'or véritable, des céramiques magnifiques ornent les murs et les planchers. C'est très beau, et la ferveur des dévots est très touchante. Dans chaque maison, on trouve aussi un petit autel dédié à Bouddha, où les habitants déposent des fruits et des fleurs en offrande. Mais ces familles sont parfois très pauvres, et les fruits qu'elles offrent à Bouddha, elles ne les donnent pas à leurs enfants. C'est un peu choquant de voir toute la richesse des sanctuaires alors qu'il y a, à l'entrée, des enfants qui mendient, sales et en loques.


Fidèles priant à la Paya Shwedagon, la plus grande de Birmanie Colline couverte de temples à Pathein, près de Mandalay


Marianne et Émilie avec un nouvel ami, à Pathein La rue où les Bouddhas prennent forme, à Mandalay




Moines de retour de leur tournée quotidienne pour demander l'aumône, à Nyangshwe


Jeunes moines pas très sérieux à leur session d'étude


Courrier au bout du fil

Sur les façades des immeubles, à Rangoon, on voit pendre des fils, auxquels sont attachés des pinces ou des sacs. Ça sert à déposer le journal ou le courrier, sans que les résidants n'aient à descendre quatre ou cinq étages à pied. Comme la plupart des gens n'ont pas le téléphone à la maison, ça peut aussi servir à déposer des messages. Mais on voit souvent des gens, dans la rue, crier à quelqu'un au cinquième étage qui sort sur son balcon pour répondre.

Génératrice power!

L'électricité manque plusieurs fois par jour, et pour plusieurs heures. Les hôtels, les commerces et les grandes entreprises sont donc tous équipés de grosses génératrices, qui font un boucan d'enfer et beaucoup de pollution dans les rues. À notre hôtel de 10 étages de Rangoon, les clients restaient régulièrement coincés dans l'ascenseur avant que le personnel ne démarre la génératrice. Mais à notre petite pension de Nyangshwe, près du lac Inle, on se passait de courant pendant la journée; la génératrice ne démarrait que le soir.

À notre dernière journée à Rangoon, nous marchions dans une petite rue pendant une panne d'électricité, et là, avec le boucan des dizaines de génératrices, les klaxons tonitruants des autobus, le bruit des moteurs, les cris des marchands, le vendeur de crème glacée qui faisait sonner sa cloche, la musique jouant à tue-tête dans les commerces et les vendeurs d'eau qui faisaient tinter ensemble leurs tasses en fer blanc... j'ai eu une overdose de bruit! Comment des gens arrivent-ils à passer la journée dans ce vacarme?

Des liasses de billets

Le plus gros billet en circulation est le 1000 kyats, qui vaut 1$... Vous pouvez vous imaginer les liasses avec lesquelles on devait se promener quand on changeait 500$! Heureusement, on pouvait payer l'hôtel et les billets d'avion en dollars US. Mais comme il n'y a aucun guichet automatique en Birmanie, que les cartes de crédit ne sont pas acceptées, ni les chèques de voyage, il faut arriver avec assez de dollars US pour couvrir le coût de notre séjour – dans notre cas, 3200$ pour quatre semaines. Et nous avons constaté qu'ils sont très pointilleux au sujet des billets américains: ils n'acceptent pas un billet avec une pliure, une égratignure ou un peu d'usure. Vous lirez à ce sujet mon texte sur www.protegez-vous.ca, qui devrait être en ligne d'ici deux ou trois semaines.


Marianne montrant 500$ en billets de 1000 kyats. Impossible d'entrer ça dans un portefeuille.


La tête solide

Les Birmanes sont expertes dans l'art de transporter en équilibre sur leur tête toutes sortes de marchandises: paniers de fruits et de légumes, plateaux de thé, bois de chauffage, balles de foin, etc. Elles sont d'une force étonnante et travaillent beaucoup. Marianne, observatrice, nous a demandé: « Pourquoi les femmes travaillent tout le temps et les hommes ne font rien? ». Bonne question, ma fille. J'en ai profité pour lui expliquer deux ou trois choses et pour commencer à implanter chez elle les germes du féminisme...

 


  


La musique

Nous avons bien ri en entendant, à la radio, une multitude de vieux succès des années 80 et 90, adaptés en langue birmane. Et pas toujours les meilleurs. Qui se souvient de «Kiss Me», de Six Pence None the Richer, «Total Eclipse of the Heart» de Bonnie Tyler, ou «Making Love» de Air Supply? Nous aimons bien Neil Young, alors entendre «Heart of Gold» en birman, avec de petits claviers cheap nous a fait grincer des dents... Par ailleurs, les Birmans chantent beaucoup. Les jeunes jouent de la guitare dehors, en gang. Un succès que l'on a entendu souvent à la radio a accroché notre oreille. À notre dernière journée au pays, on s'est retrouvés tous les quatre dans un magasin de disques de Rangoon, en train de chanter la toune en question aux vendeuses, crampées de rire. Mais on a trouvé la toune!

Les maisons en bambou

En campagne, la majorité des birmans vivent dans des huttes de bambou, au toit de paille, construites sur pilotis, sur la terre ferme ou sur l'eau (dans la région du lac Inle). Souvent, ces maisons tiennent sans aucun clou, tout est attaché avec des lanières de bambou. Il n'y a généralement aucun meuble à l'intérieur. Les gens mangent par terre et dorment sur des nattes. Il y a une plaque de ciment pour faire le feu pour la cuisine, au milieu de la maison, sans cheminée. La fumée s'échappe par les interstices. Nous avons mangé et dormi dans ces huttes, lors d'une randonnée de deux jours dans les collines près du lac Inle. Il faisait froid, le vent se faufilait partout. Brrr...

Maisons sur pilotis sur le lac Inle La douche en plein air


Nos guides préparent notre repas dans une cuisine empruntée Notre hutte de bambou d'une nuit, dans les collines près du lac Inle


Circulation sans lumières

Dans les campagnes, on croise plus de charrettes à boeufs, de carrioles à cheval, de vélos et de trishaws – vélos avec un sidecar pouvant asseoir deux personnes - que de voitures. Mais la moto est reine partout. En ville, il y a tout de même pas mal de voitures. Aux intersections, c'est un spectacle ahurissant: il n'y a pas de feux de circulation – ou alors ils sont en panne. Les véhicules se croisent en se frôlant, dans un ballet incessant qui donne des sueurs froides. Le but de tous les conducteurs semble être de s'arrêter le moins souvent possible, même quand des véhicules arrivent en même temps qu'eux à l'intersection. Les seuls qui ne s'arrêtent jamais, ce sont les bus et les camions: priorité au plus gros! Les autres font ce qu'ils peuvent. Et les piétons, je vous dis pas...De vieux camions circulent avec le moteur à découvert, on les entend arriver de très loin.