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mardi 11 mai 2010

La guerre expliquée aux enfants


Marianne, Émilie et moi dans un abri anti-bombes


Un cimetière de guerre, comme on en voit des centaines au Vietnam le long de routes
 
Au Vietnam, les traces de la guerre sont partout. Les gens semblent avoir oublié, mais le gouvernement communiste se fait un devoir de rappeler à quel point les méchants impérialistes américains ont fait souffrir le pays. Et c'est vrai qu'il a souffert, ce pays. Nulle part n'est-ce plus évident qu'à My Lai (ou Son My). Là, un memorial et un musée rappellent que les troupes américaines ont massacré 500 civils en une journée. On a recréé les ruines des maisons incendiées par les soldats, ainsi que les abris anti-bombes où les habitants tentaient de se cacher. Sur des plaques de cuivre sont indiqués le nom et l'âge des victimes tuées à cet endroit. La plupart sont des enfants et des personnes âgées.

Marianne devant une affiche indiquant le nom et l'âge des personnes tuées à cet endroit

Mais le plus frappant, ce sont les photos. Ce jour-là, un photographe de l'armée suivait les soldats et a tout capté sur pellicule. C'est horrible et fascinant. On voit les soldats mettre le feu aux maisons, on voit des paysans avec un fusil sur la tempe, jnuste avat que le soldat n'appuie sur la gâchette, on voit les cadavres des femmes et des enfants mutilés et, pire que tout, on voit les soldats se reposer à la fin de la journée en fumant une cigarette... (Voir le blogue de Marco à ce sujet: http://www.ruefrontenac.com/marcofortier/21108-my-lai-horreur).



La guerre, c'est toujours horrible et toujours difficile à expliquer à des enfants; imaginez quand, en plus, ont leur dit que des bébés sans défense ont été tués... Je suis plutôt partisane de dire la vérité à mes filles, de ne pas enjoliver la réalité, d'expliquer les choses comme elles sont (même si on croit encore au Père Noël et à la Fée des dents...). Mais là, on n'est pas entrés dans les détails, et on les a empêchées de voir les photos les plus crues (que je ne publie pas ici non plus). À l'aide de la maquette de la région, on leur a expliqué ce qui s'était passé. Et elles ont posé beaucoup de questions. Nous-mêmes ne pouvions arrêter de nous demander: Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi?


Marianne et Émilie devant la liste des noms des 500 victimes des soldats américains à My Lai

Les filles devant un hélicoptère de l'armée, au musée de la guerre de Saigon

Même chose à Phnom Penh, où nous avons visité les Killing Fields ainsi que la prison de Tuol Sleng, où les Khmers rouges interrogeaient et torturaient leurs supposés opposants. Ce régime était d'une cruauté sans nom. Leur idéologie, c'était de la folie pure. Ils ont tué 2 millions de leurs concitoyens en quatre années de pouvoir. Comment expliquer aux filles que cet arbre, c'est celui sur lequel les Khmers rouges frappaient les enfants, en les tenant par les pieds, pour les tuer? Elles ont vu les amoncellements de cranes dans le memorial, et on leur a expliqué que c'était ceux des victimes d'une guerre menée par un gouvernement contre ses propres gens. Elles ont remarqué, dans la pile de vêtements des victimes, la petite blouse de fillette avec des papillons, et la trouvaient très jolie. « La petite fille qui avait cette blouse, est-ce qu'elle est morte? », ont-elles demandé...

L'arbre à tuer les petits enfants...

Les crânes des victimes des Khmers rouges, exécutés aux Killing Fields, sont exposés dans un memorial

Mais ce qui était encore plus émouvant, c'était les milliers de photos exposées dans la prison de Tuol Sleng, le centre de torture des Khmers rouges. Des photos des victimes, mortes ou vivantes, de ces fous sanguinaires. Une pièce entière montrait des photos d'enfants, parfois des bébés, tous assassinés, probablement la tête fracassée contre un arbre, puisqu'il fallait économiser les munitions... Comment expliquer cela, quand nous-mêmes on se demande: Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi?

Une chambre de torture à la prison de Tuol Sleng

Qu'avaient fait ces enfants pour se retrouver dans le centre de torture des Khmers rouges?



Après avoir regardé quelques photos, Émilie et Marianne on préféré aller jouer dans la petite cour, en se servant des fleurs de frangipanier pour faire des chapeaux à leurs figurines Pet shop. Les filles ont posé bien des questions, et elles nous en sortent parfois encore, mais elles n'ont pas semblé traumatisées par leurs visites. Je crois qu'elles comprennent un message simple: la guerre c'est mauvais, c'est laid, et les humains sont capables de commettre les pires horreurs. C'est bon de le savoir, mais je suis certaine que ça ne les empêchera pas de voir tout ce que les humains peuvent faire de beau et de bon.

Les filles ont joué avec leurs Pet shop et avec des fleurs de frangipanier pendant que l'on visitait Tuol Sleng

Affiche à Tuol Sleng. Non, nous n'avons pas envie de rire...

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