Jamais facile les transports en Asie. Même lorsqu’on prend une coche au-dessus des transports publics, i.e. les bus de touristes. Même ceux-là sont un peu broche à foin; on sait rarement quand on part, encore moins quand on arrive… Pour quitter Vang Vieng, un vieil autobus qui fait le tour des hôtels est venu nous chercher à notre guesthouse, 15 minutes en avance. Finit en vitesse de paqueter les sacs, embarque dans le vieil autobus, fait le tour des autres hôtels pour embarquer d’autres passagers. Ensuite, débarque à la gare routière, poireaute là pendant que d’autres voyageurs arrivent. Puis, tente de comprendre quel bus on va prendre pour se rendre à Luang Prabang. Le «boss» nous fait signe de monter dans un minibus, mais il n’y a pas assez de place pour nous quatre (on lui montre qu’on est une famille avec deux enfants…). Deux autres minibus arrivent, on monte vite dans l’un d’eux, pour avoir une place en avant (because Marianne a le mal des transports, j’ai toujours un sac pas loin, mais je préfère ne pas avoir à l’utiliser…). Le boss nous fait signe de débarquer, il n’y a pas assez de monde pour remplir deux autres minibus. On descend. Puis, il nous dit de remonter : un passager s’est rajouté, les trois minibus vont partir. Ouf!
La route serpente à travers champs, traverse des villages aux huttes de bois brinquebalantes collées sur la poussière de la route, d’où les enfants nous regardent passer. Pipi stop demandé par Émilie; arrêt sur le bord de la route, où il y a un beau point de vue, mais du papier Q partout. La chauffeur se rend compte qu’on a un pneu qui dégonfle. Pas trop rassurant…
On repart. La route monte en lacets. Paysage magnifique : vallons dans tous les tons de vert, terre rouge brique, rivières couleur caramel et, semées ici et là, petites collines à pic hérissées de crêtes rocheuses. Arrêt un peu plus loin encore, au pit stop officiel : toilettes publiques, petit resto, dépanneur et panorama à couper le souffle. Le chauffeur ne nous dit pas combien de temps on s’arrête, mais on a faim. On décide, avec les autres passagers, de manger. Quand le chauffeur nous voit attablés, il n’est pas content, mais comme il ne parle pas anglais, on ne comprend pas pourquoi.
Quand on reprend la route, on comprend bientôt pourquoi le chauffeur était contrarié: il s’arrête une demi-heure plus tard, dans un petite ville laide comme tout, où il y a un garage pour faire réparer notre pneu. Ça prend une heure, c’est là qu’on aurait dû manger, mais on ne pouvait pas deviner… Alors, on se promène, même s’il n’y a pas grand-chose à voir. Quelques boutiques, des vendeuses de fruits et de légumes le long de la route, des tit-culs qui viennent gonfler les pneus de leur bécyk. Les filles sont une attraction, comme d’habitude, mais les Laotiens sont plutôt timides.
Enfin, on repart! Mais on n’est pas rendus… Encore quelques heures à se faire secouer. Nous sommes à Luang Prabang en fin de journée. À la gare routière, ils sont quelques chauffeurs de touk-touks à nous attendre de pied ferme pour nous charger le plus cher possible. Mais, héhé!, nous aussi les attendons de pied ferme. On s’est entendu avec un compagnon de voyage français pour partager le transport vers la ville. Ils veulent nous charger 50 000 kips (7$) pour le trajet, mais on a vu neiger : on sait que ça ne vaut pas plus de 10 000 kips. Après s’être obstiné un peu, on les laisse sécher et on va sur la route principale, où on hèle un touk-touk : le chauffeur est tout sourire, trop heureux de nous embarquer pour le prix qu’on offre. Mais avec cinq passagers plus les bagages dans son petit engin, on se demande si le moteur tiendra le coup.
On arrive en ville de peine et de misère. On a un hôtel en vue; on visite la chambre, mais elle est chère, petite, et sans fenêtre. No way! Luang Prabang est un défi pour les voyageurs à petit budget. Nous sommes claqués, mais je pars à la chasse pendant que Marco reste avec les filles. Je reviens au bout d’une heure : j’ai trouvé une grande chambre à 15$! On s’y installe, puis on va manger sur une belle terrasse au bord du Mékong. Quel contraste avec Vang Vieng : ici, c’est chic et distingué, les touristes portent des chemises de lin, boivent du vin et logent dans d’anciennes demeures coloniales. La ville est tranquille, jolie, fleurie. Nous en aurons pour des jours à découvrir ses charmes.