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jeudi 3 décembre 2009

Journée népalaise non-extraordinaire...


Lampions près du temple de Bouddhanath


Une journée népalaise comme je les aime, aujourd'hui. Une journée ordinaire, mais en même temps tellement peu banale...

Je suis seule avec mes deux filles pour deux jours. Marco est parti faire des visites pour un reportage. Ce matin: levées tard, crêpes pour déjeuner à l'hôtel. Les filles sont ensuite invitées à la maison de la propriétaire, une Hollandaise mariée à un Népalais; ils ont une petite fille de dix mois, Pema. Quand la petite va faire sa sieste, elles n'ont pas envie de rentrer à notre chambre, surtout que Marianne doit faire des devoirs...

Dîner au resto sympa juste à côté. Les filles ont trouvé une petite cour derrière la terrasse du resto pour jouer pendant qu'on attend notre repas. Mais Émilie revient en pleurant, le pantalon déchiré au genou. Ça prendra encore une patch...

On se met en route pour visiter les enfants de l'orphelinat de Child Haven. En chemin, on rencontre beaucoup d'enfants, parce que c'est jour férié. Mais voulez-vous bien me dire pourquoi mes filles sont plus intéressées par les chèvres que par les gens? À chaque petite bête qu'on croise, elles s'extasient et lui donnent un nom. Ça doit être parce que les chèvres ne viennent pas leur pincer les joues en leur demandant «What is your name?»... On croise aussi une vieille Tibétaine que j'ai pris en photo hier au temple de Bouddhanath et qui nous reconnaît, en nous gratifiant d'un sourire édenté. Dans la rue, des boucheries (morceaux de viande attendant les clients à même le comptoir), des magasins d'objets religieux (drapeaux de prières et bouddhas dorés), des orfèvres, des mendiants avec un membre en moins, des vendeurs de tissus chatoyants, des petits boui-bouis qui servent des momos (raviolis tibétains)... Nous arrivons au stand de taxi. Je sais que notre trajet ne coûte pas plus de 100 roupies (1,50$), mais les chauffeurs veulent me charger 200, à cause de la rareté du pétrole provoquée par la grève des pompistes de Katmandou (qui s'ajoute à la longue liste des grèves et autres manifestations). Je trouve finalement mon prix. On y est en cinq minutes.

En ouvrant la barrière, Karpana, huit ans, se jette dans les bras de Marianne et ne la lâche plus. Elles partent jouer et je ne les revoie pas. Émilie est gênée et s'accroche à moi. Nous jouons et jasons avec les enfants, puis prenons le dîner avec eux, assis sur des nattes dans la salle à manger.

Pendant que Marianne reste avec sa nouvelle amie, je pars avec Émilie, Anju, une ado de 15 ans, et Mahesh, le professeur de taekwondoe pour visiter une famille, non loin, qui a accepté de nous héberger pour quelques jours. La ville fait vite place à la campagne. Petite maisons basses et bien tenues, entourées de fleurs, le long de la route, puis nous marchons à travers champ. Tout le monde nous salue. Nos hôtes habitent une grande maison de briques roses. Y vivent: les grands-parents, leur fille et leurs deux fils, dont l'un est marié et a deux petites filles de 6 et 8 ans, super mignonnes, qui offrent des fruits à Émilie. Moi, on m'offre du chaï (thé au lait) et nous discutons de notre séjour chez eux. Le grand-père est très religieux, adepte de Vishnu, l'un des dieux hindous, et a le front barré de deux traits blancs (je lui poserai des questions là-dessus plus tard). Le fils aîné Rajaram est le président du comité de développement de son village.

Le professeur de taekwondo insiste ensuite pour que l'on passe chez lui voir les coupures de journaux relatant ses succès et ceux de ses élèves à des compétitions nationales. Mais en chemin, nous sommes apostrophés par une petite dame en sari rouge. Il y a un mariage dans le voisinage, je dois y aller absolument!, me dit-elle. Elle me prend par le bras et m'entraîne. Sûr que j'adore les mariages, mais il commence à être tard, et je suis en jeans... Pas grave, elle nous guide vers la maison où résonnent de la musique et des chants. C'est dans la cour que ça chante. Personne ne danse, sauf ma petite dame, qui m'entraîne avec elle. Pas le choix, je dois m'exécuter devant l'assemblée qui tape des mains. Même Émilie reste plantée à me regarder plutôt que de danser avec nous. Au bout de cinq minutes, je m'éclipse, alors que les futurs mariés arrivent. Une heure dans ce village et je suis déjà invitée à un mariage, qu'est-ce que ça sera après trois jours?

Mahesh tient toujours à ce que l'on passe chez lui. Il est très fier de ses succès, alors je feuillette ses albums photo pour lui faire plaisir.

Pour rentrer, on prend un raccourci à travers champs. Randonnée de cross-country: boue, montées à pic, herbe brûlée, éboulements de roches, bambous coupés... Les Népalais ont l'habitude de marcher n'importe où, mais pas nous! Émilie finit sur les épaules de Mahesh. C'est la fin de l'après-midi, les gens rentrent chez eux sous le ciel aux lueurs rosées, des enfants remplissent de gros bidons à la source, des vaches paissent tranquillement.

Marianne est contente de nous revoir, tout de même. Il commence à faire noir. On tente d'appeler un taxi, mais la course est maintenant rendue à 300 roupies! On décide d'aller prendre un Tempo (minibus), guidées par deux ados. Autre raccourci, cette fois-ci dans le noir. On glisse, on met les pieds dans la boue, on trébuche... Euh, ne devait-il pas y avoir un sentier ici? Malgré les difficultés, on rigole et Émilie ne lâche pas le bouquet de fleurs offert par Mahesh. On arrive finalement. « C'est tout un raccourci, commente Marianne. Une chance qu'on s'est pratiquées à marcher dans la montagne!»

Sur la rue, on attend le bus quelques minutes. Tarif pour notre trajet: 25 roupies. Je me fais encore demander par une gentille grand-mère dans l'autobus si les filles sont jumelles - même réponse 10 fois par jour: Marianne didi (grande soeur), Émilie baini (petite soeur).

Nous arrivons au temple de Bouddhanath, qui est illuminé de mille feux ce soir, en raison de la pleine lune. Des milliers de lumières de couleur l'entourent, on se croirait à Noël! On allume des chandelles et des lampions en offrande, ça me coûte 15 roupies et les filles jouent avec le feu... Une foule de dévots tourne autour de la stupa, des enfants jouent au badminton, d'autres au ballon.

On soupe dans un resto avec vue sur les lumières, mais une panne d'électricité éteint cette féérie multicolore. La panne quotidienne... Il fallait s'y attendre. Même Bouddha n'y peut rien! Il faudrait revenir à l'époque où la stupa n'était illuminée que de lampions au beurre...

On rentre à l'hôtel vannées. Mais en chemin, Émilie n'oublie pas une idée qu'elle a derrière la tête depuis hier: elle veut des céréales, aperçues dans un magasin. Ça fait deux mois qu'elles n'ont pas eu de céréales pour déjeuner, alors j'accepte de prendre la boîte de céréales au chocolat super sucrées, comme on n'en mange jamais à la maison. À l'hôtel, pendant qu'elles se gavent de céréales, ça sonne sur Skype: mes parents nous appellent. « Allô, tout va bien, on a eu une super belle journée! » Mais les filles s'effondrent bien vite dans leur lit...


Tiffin (dîner) avec les enfants de Child Haven.

La mariée inconnue au mariage de laquelle j'ai dansé.

1 commentaire:

  1. Chaque jour au Nepal est une journée extraordinaire... le sourire des gens, la beauté des paysages, le doux cahos dans la rue. Mon chum et moi avons eu un vrai coup de foudre pour ce pays en 2004 et rêvons du jour ou nous y retournerons avec nos enfants. Je suis heureuse de lire que tu as su mettre de côté tes appréhensions du départ (réf. votre billet décrivant votre arrivée à Katmandou). Le quotidien au Népal est fabuleux. Je comprends tes filles d,aimer les chèvres, moi aussi je TRIPPAIS sur elles... ;-)) Tu me fais rêver! Julie T.

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