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dimanche 25 juillet 2010

L’école itinérante



Marianne était en première année lorsque nous avons quitté Montréal pour entreprendre notre périple en Asie, en octobre 2009. Le programme scolaire et les cahiers d’exercice alourdissaient nos sacs à dos, mais étaient indispensables pour que notre fille poursuive son apprentissage scolaire, avec nous, ses parents, comme profs.

Nous avons de la chance : notre grande fille avait déjà appris à lire en maternelle et était un peu en avance sur son groupe en lecture, nous a dit son enseignant au moment du départ (ceci dit avec une grosse pointe de fierté maternelle). Mais il fallait tout de même bosser les maths, étoffer son vocabulaire et ne pas perdre l’habitude de faire les travaux scolaires régulièrement.

Jouer aux profs sur la route n’est pas de tout repos. Nous n’avons pas la même relation d’autorité avec notre propre enfant que peut l’avoir un enseignant. Nous ne maîtrisons pas non plus les techniques pédagogiques. Mais surtout, en voyage, notre emploi du temps change continuellement et nous n’avons pas de routine dans laquelle insérer la période des travaux scolaires. Marianne passait donc régulièrement plusieurs jours sans ouvrir ses cahiers, lorsque nous étions en déplacement ou en randonnée. En moyenne, j’évalue qu’elle travaillait trois ou quatre heures par semaine. Il y a eu quelques périodes difficiles au cours desquelles il fallait hausser le ton pour la convaincre de se concentrer sur ses devoirs. Pourquoi rester assise à se creuser les méninges quand il y a la plage à côté, ou des amis avec qui jouer, ou des montagnes à explorer? Pendant la deuxième moitié du voyage, heureusement, Marianne a compris qu’elle n’y échapperait pas et qu’il valait mieux se concentrer pour finir les devoirs au plus vite, pour ensuite aller s’amuser.   

Pour nous aider, nous avons eu la chance d’avoir le soutien du prof de Marianne, Claude Martel, au programme international de l’école Saint-Barthélemy. Il nous a donné du matériel avant le départ et nous étions en contact avec lui tout au cours du voyage. Marianne a même parlé à ses amis de la classe à quelques reprises avec Skype. La faible puissance des connexions Internet nous a cependant empêché de «Skyper» aussi souvent que nous l’aurions voulu. Nous avons répondu à quelques questions de ses amis de la classe par courriel et avons envoyé des photos à quelques reprises.

S’il avait fallu faire la classe à nos deux filles, ça aurait compliqué les choses. Émilie, 4 ans, voulait elle aussi faire des «devoirs», en voyant sa grande sœur occupée à des choses sérieuses. Comme «devoirs», elle a appris à tracer les lettres et les chiffres et a fait des petits jeux dans ses cahiers d’activités.

Marianne est retournée à l’école pour les six derniers jours de classe, en juin. Son prof a pu vérifier qu’elle n’avait pas pris de retard sur les autres élèves. En fait, il semble qu’elle ait plutôt pris de l’avance : sans le savoir, nous lui avons fait faire des exercices de 2e année! Il y aura peut-être tout de même quelques petits ajustements à faire l’an prochain, pour des sujets sur lesquels nous serons passés un peu trop rapidement.

Mais même si elle avait pris un peu de retard, je suis convaincue que le voyage a été pour Marianne – et pour Émilie! – une expérience infiniment plus riche qu’une année en classe (ceci dit même si je crois en l’importance de l’école…). Ce qu’elles ont appris va leur servir toute leur vie. Elles ont découvert d’autres façons de vivre, d’autres façons de penser, d’autres façons de manger, d’autres façons de se déplacer. Elles ont appris sur la géographie, l’histoire, la politique, l’art, les religions. Elles ont rencontré des gens de toutes les couleurs. Et surtout, j’espère qu’elles ont réalisé à quel point elles étaient privilégiées par rapport à tous ces gens pauvres et peu éduqués que l’on a croisés. 

Pas drôle quand les devoirs nous suivent en voyage...

En Birmanie (Lac Inle)

Au Népal (Pokhara)

Au Vietnam (Paradise Resort)

En Thaïlande (Ko Chang - encore plus difficile quand la plage est à deux pas...)

Au Laos (Luang Prabang - devoirs avec vue sur le Mekong)



3 commentaires:

  1. Bonjour !

    J'adore cette chronique du 25 juillet. Ayant été enseignante, je me doutais bien que votre fille arriverait à réussir son année scolaire sans être confinée à une salle de classe. Je me doutais aussi que ce ne serait pas nécessairement facile pour vous et pour elle de s'astreindre aux devoirs. Mais quelles richesses elle a acquises durant ces 8 mois ! Je m'inquiète un peu pour l'an prochain. Va-t-elle s'ennuyer dans une salle de classe ? Sûrement ...Je lui souhaite un prof dynamique !

    Micheline Bleau

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  2. @Micheline: Lorsque Marianne est retournée brièvement en classe, son prof nous a dit qu'elle avait de la difficulté à rester attentive... On la comprend! Mais il nous a aussi dit qu'à la rentrée, tous les élèves sont comme ça, après deux mois de vacances. Alors elle devrait être au même point que tous les autres ;-)
    Merci pour vos commentaires!

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  3. J'aurais tant aimé être votre fille! Quelle belle expérience vous avez vécue! Un peu triste que vous soyez déjà de retour... :)

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