Rechercher dans ce blog

Cliquez sur les photos pour les agrandir


dimanche 29 novembre 2009

Deepak

Notre guide Deepak, portant Émilie sur ses épaules.

Pendant nos cinq jours de randonnée himalayenne, notre guide s'appelait Deepak. Il était un dalit, un Intouchable, tout comme notre porteur, Dil. Le Népal, majoritairement hindouiste, a un système de castes semblable à celui de l'Inde, avec un peu moins de catégories. La caste dans laquelle naissent les Népalais détermine leur place dans la société, pour leur vie entière. Leur éducation, leur travail, l'endroit où il vivent, la personne avec qui ils se marient: tout dépend de leur caste. Il y a quatre castes principales: les Brahmanes (la caste des prêtres), les Chhetris (les soldats et dirigeants), les Vaisyas (gens d'affaires et cultivateurs), et les Sudras (travailleurs manuels et artisans). Et puis, en-dessous de tout ceux-là, il y a les dalit, hors-castes parce qu'ils sont impurs, donc intouchables.

Le système de castes a été officiellement abolit au Népal en 1963; depuis 1990, la discrimination à l'endroit des dalit est passible de sanctions. Mais en réalité, la discrimination continue dans la vie de tous les jours. Les propriétaires refusent de louer un logement à un dalit, certains restaurants leurs sont interdits, des emplois et promotions sont hors de leur portée, et des gens de hautes castes refusent de leur adresser la parole, de les toucher ou même de toucher quelque chose qui a été touché par eux. Certains croient encore qu'ils doivent se laver si un dalit a posé son regard sur eux. Des prêtres leurs refusent l'entrée de certains temples. Le plus important temple hindou du pays, Pashupatinath, ne leur est accessible que depuis 2001! Dans certains villages, les dalit n'ont pas le droit de prendre de l'eau au robinet communal. On leur réserve les tâches les plus dégradantes, comme ramasser les carcasses d'animaux et les déchets. Des propriétaires terriens acceptent de les embaucher pour les récoltes, mais en leur payant un salaire de misère.

Notre guide Deepak nous a raconté qu'il a caché son nom de famille à son propriétaire pour pouvoir obtenir un logement – son nom l'identifie comme dalit. Lorsqu'il était plus jeune, sa famille ne pouvait entrer dans les maisons des castes supérieures; à l'école, il ne pouvait boire dans la même cruche d'eau que les autres enfants. Son père a travaillé toute sa vie comme ouvrier dans la même entreprise, mais n'a jamais pu obtenir de promotion.

Les dalit sont moins éduqués, plus pauvres, vivent moins longtemps, n'ont pas accès au pouvoir et ont un taux de mortalité infantile plus élevé que les autres castes.

Deepak a tout de même réussi à étudier jusqu'à l'université. Il aurait aimé être ingénieur, mais comme le diplôme coûtait trop cher, il s'est contenté d'un baccalauréat en Sciences sociales. « Mes traits ne ressemblent pas à ceux d'un dalit, alors les gens ne s'en doutent pas », dit-il. Si son statut d'intouchable était connu, Deepak croit qu'il obtiendrait un mauvais service dans les lodge de montagne où il amène ses clients randonneurs. Même ses amis ne sont pas au courant. « Ils font parfois des blagues sur les intouchables, et ça me fait de la peine, dit-il. Quand ça arrive, je ne dit rien et je m'en vais. » Il a choisi de travailler comme guide de randonnée parce que les touristes, dit-il, ne font pas de distinction entre les castes, contrairement aux Népalais.

Révolté contre le système de castes, Deepak a abandonné l'hindouisme pour devenir chrétien. « Dans l'Église, il n'y a pas de distinction selon la caste. C'est sûr que les personnes les plus riches sont plus respectées, mais ça, c'est partout pareil... », observe-t-il. Deepak est tellement content avec Jésus qu'il a réalisé un CD de chansons de sa composition en son honneur. Il nous les a fait écouter sur son cellulaire dans la montagne, c'est bon. Les filles ont dansé. Mais on ne comprenait pas toutes les paroles (heureusement, peut-être...)


Photo de groupe, avec Dil et Deepak.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire