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jeudi 20 mai 2010

La route vietnamienne

Au Vietnam, nous nous sommes payés à quelques reprises l'avion, le train et des voitures privées, au lieu de prendre le bus. Du luxe? Non, une nécessité pour augmenter nos chances de survie et réduire notre niveau de stress. Je vous en ai déjà parlé: la circulation au Vietnam est folle, et les chauffeurs de bus sont les plus fous d'entre tous. Les quelques trajets que nous avons fait en autobus nous ont donné des palpitations.

Voyez-vous, les chauffeurs de bus et de camions semblent jouer continuellement à un petit jeu: ils roulent sur la ligne médiane et, lorsqu'un véhicule arrive en sens inverse, ils donnent un coup de volant au dernier moment. Ah, ah! Très amusant! Celui qui se tasse le dernier gagne. Et ça, c'est en plus des dépassements qui se font n'importe comment et n'importe où: je me souviens encore de la fois où nous avons vu arriver droit devant nous un autobus en train de dépasser un camion, dans notre voie. Et notre propre bus ne pouvait pas se ranger à droite, parce qu'il y avait une file de motos qui roulaient sur l'accotement. C'est encore un miracle qui a fait qu'un accident a été évité de justesse. D'ailleurs, ce sont les miracles qui tiennent lieu de code de la route dans ce pays. Les véhicules ont un petit support installé spécialement sur le pare-choc avant pour recevoir des bâtons d'encens, allumés pour obtenir la protection de bouddha ou des ancêtres...

Mais les miracles ne se produisent pas toujours: nous avons été témoins de cinq accident de moto en deux mois. Pas surprenant: il y a trop de motos pour la quantité de routes, les arrêts n'existent pas, les gens roulent souvent sans casque, à trois, quatre, parfois cinq par engin, ils n'ont pas de phares la nuit, pas de rétroviseurs et d'étranges pratiques. Quelques exemples: lorsqu'un motocycliste s'engage sur une artère vers la droite, il ne jette même pas un coup d'oeil à sa gauche pour voir si un véhicule arrive; c'est le véhicule qui roule déjà sur l'artère qui doit céder le passage. Si la moto s'engage sur l'artère vers la gauche et que des véhicules arrivent de la gauche, ce n'est pas non plus une raison d'arrêter: la moto roule EN SENS INVERSE pendant quelques mètres, le temps de trouver sa fenêtre d'opportunité pour aller prendre sa voie... Alors si on est à vélo, on se retrouve parfois face-à-face avec une moto qui roule dans le mauvais sens, et c'est à nous de nous tasser!



On a quand même osé louer des motos (sccoters) à quelques reprises, mais pas dans les grosses villes. La première fois, à Tam Coc, quand j'ai pris une moto, seule avec Marianne et Émilie, pour aller au guichet automatique dans la ville voisine, j'avais une main sur le frein et une main sur le klaxon! Ça ne donne pas tellement le temps d'admirer le paysage...

Lorsque nous avons vu un grave accident arriver devant nos yeux, nous avons compris ce qui nous attendait en cas de collision. Nous étions les seuls touristes à la petite plage de My Khe, nous mangions sur une terrasse un soir, lorsque, BANG!, face-à-face entre deux motos, transportant trois personnes, sans casques évidemment. L'un des conducteurs a sans doute coupé son coin en tournant à gauche, et n'a pas vu l'autre moto, qui n'avait probablement pas de phares. En peu de temps, il y eut un attroupement autour des blessés qui gémissaient. Et là, PERSONNE N'EST INTERVENU POUR SECOURIR LES BLESSÉS! Tous les badauds massés autour se contentaient de regarder et de commenter. Chinh, une Vietnamienne mariée à un Français, qui était avec nous à ce moment, nous a expliqué que, oui, c'est comme ça que ça se passe: les gens vont avertir la famille, et c'est à la famille de s'occuper de ses blessés. Les témoins ne font rien, ils ont peur qu'on les accuse d'avoir aggravé les blessures... Ils craignent aussi qu'on vole leur moto pendant qu'ils sont occupés à aider les victimes.

Justement, nous avons vu les familles des blessés arriver en courant et, sans ménagement, prendre les victimes (qui avaient l'air très très amochées, l'une d'elles inconsciente) et les asseoir SUR UNE MOTO, coincées entre le conducteur et un autre passager, pour se rendre à l'hôpital dans la ville voisine, à environ 20 kilomètres. Et au resto juste à côté, il y avait plusieurs clients avec de gros véhicules 4X4: aucun d'entre eux ne s'est offert pour aller conduire les blessés à l'hôpital... Vraiment, il y a des choses dans la culture vietnamienne qui me hérissent.

Mes parents, qui organisent des ateliers de sécurité à vélo pour les enfants de l'école primaire avec leur Club optimiste (à Saint-Pacôme), capoteraient de voir les jeunes ici: au moment de la sortie des classes, sur la route 1 (la plus importante du Vietnam, qui traverse le pays du nord au sud), les élèves roulent à trois ou quatre de large, parfois à deux par vélo, et se font frôler par les bus (fous), les poids-lourds et les centaines de motos. Les jeunes collégiennes pédalent, nonchalantes, vêtues de leur ao dai blanc (l'uniforme scolaire) et coiffées de leurs jolis chapeaux, en jasant comme toutes les ados, comme si de rien n'était...














1 commentaire:

  1. Reportage trés intéressant, on n'imagine pas ce genre de situation chez nous...ici dans Québec avec l'arrivée de la chaleur, la ville est envahie de touristes asiatiques qui semblent apprécier le calme de notre belle ville, il est vrai qu'après avoir vu ces photos on comprend pourquoi. Bonne continuation IsaZ
    http://pastafly.com/lesZ/

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